lundi 7 décembre 2015

Discours prononcé devant le Conseil d'Administration pour l'élection à la Présidence


Mesdames et messieurs les conseillers,

Nous sommes donc dans les dernières minutes de la campagne électorale qui va nous mener à l'élection d'un nouveau président pour l'Université d'Avignon.
Cette campagne aura donné l'occasion de réfléchir sur ce qu'est une université aujourd'hui, sur ce qu'est l'Université d'Avignon, sur son avenir, ses forces et ses faiblesses. Cela aura été surtout un moment de liberté d'expression et de débats, où les personnels ont enfin pu exprimer leurs difficultés et leur désir de changement.
Notre liste a remporté entre 51,4 et 52,9% des votes des enseignants-chercheurs, plus que cela encore si on se borne aux bulletins exprimés par les salariés de l'université d'Avignon, ainsi sans doute qu'une majorité de 60 à 70% parmi les personnels techniques et administratifs.

Serait-il raisonnable d'élire un président qui ne peut compter sur une majorité de ses personnels ? Non, bien sûr. On peut même s'interroger sur le fonctionnement de l'université dans un tel cas de figure, en particulier si l'on tient compte qu'une partie des Biatss est ouvertement hostile à l'équipe sortante. On pourrait s’interroger sur l'espérance de vie d'une équipe si peu légitime aux yeux de ses électeurs. Ce ne serait pas raisonnable. Ce serait même risqué et ce serait un camouflet adressé à ces personnels, leur donnant l'impression qu'on leur a confisqué l'université, que leurs choix et envies n'ont finalement aucune importance, exacerbant ainsi leur mécontentement.

Je ne doute pas, mesdames et messieurs que chacun d'entre vous saura prendre ses responsabilités en glissant son bulletin dans l'urne. Ce sera donc en toute connaissance de cause, et sciemment, que vous adresserez aux personnels de l'université tel message « nous avons entendu votre désir de changement » ou tel autre « nous n'avons cure de votre opinion, nous nous moquons des dysfonctionnements, du sentiment d'injustice et de l'iniquité ». Ce sont pourtant ces personnels qui connaissent l'université de l'intérieur et qui en vivent les difficultés, parfois cruellement. Leur volonté de changement n'est pas le caprice d'une communauté irresponsable, inconsciente des enjeux ou manipulée. Le vote des personnels de l'UA (je ne parle pas ici de ceux qui y ont légalement pris part, sans peut-être mesurer l'impact de leur geste), était sincère et majoritairement orienté vers notre projet d'alternance démocratique. Je comprends bien que des intérêts sont en jeu, mais contrairement à ce qu'on vous a peut-être expliqué, ces intérêts ne sont pas ceux de l'Université, bien au contraire. Ils n'ont donc pas leur place ici.
Serait-il raisonnable d'élire un président dont (sauf le respect que je te dois Philippe) dont l'activité de recherche se réduit à sa plus simple expression ? Non, tout autant !
Quelle image donnerons-nous de l'UA à la CPU, dans les instances régionales, nationales ou internationales ?
Sur quelles bases un président qui ne connaît pas le montage des dossiers de subvention de recherche, les échanges scientifiques internationaux, le pilotage d'un projet de recherche associant plusieurs laboratoire, le CNRS et d'autres organismes scientifiques, l'encadrement de doctorants, sur quelles bases pourra-t-il trancher lorsqu'il faudra le faire ?
Sur quelle base pourra-t-il défendre les projets de l'université devant des tierces personnes ou organismes et avec quelle crédibilité scientifique ?

L'université d'Avignon n'a pas besoin d'un gestionnaire universitaire à sa tête. Il y a un DGS. Elle a besoin d'un chercheur pour porter ce qui la sauvera : la qualité de sa recherche.
En réalité, l'expérience et les compétences sont de notre coté, bien d'avantage que dans la continuité. Notre équipe est composée de 2 anciens Vice-Présidents et de 2 vice-doyens aux études de leur composante contre 1 ancien Vice-Président chez nos concurrents et nous avons une forte expérience en recherche, la connaissance des échanges internationaux, de nombreux contacts établis par nos pratiques scientifiques en France et à l'étranger, nous avons eu la possibilité de fréquenter d'autres établissements et d'autres pays.

Notre équipe est aussi la seule capable de fédérer les personnels autour d'un projet et d'apaiser les tensions, au delà de notre capital de légitimité : voilà plusieurs mois maintenant, et personne ne nous accusera d'opportunisme électoraliste, que nous réclamons le juste retour de la collégialité. La collégialité, c'est redonner leur sens aux instances de l'université, c'est surtout discuter dans les assemblées les projets et orientations afin que chacun puisse donner son point de vue, y compris, bien entendu, les personnes engagées avec nos concurrents.

Notre programme est tourné vers le territoire, vers les entreprises et vers une gouvernance qui ne sera plus autoritaire et méprisante mais qui, à l'opposé, considérera tous les avis et qui renforcera nos axes de développement, « Agro & Sciences », d'une part, « Cultures, Patrimoine, Sociétés numériques » d'autre part.

Nous réinvestirons l'ensemble du territoire vauclusien, en replaçant le Laboratoire Souterrain à Bas Bruit (LSBB) de Rustrel au cœur de notre politique scientifique, en établissant des partenariats avec les lycées du territoire et en travaillant avec le tissu socio-économique local.
Nous honorerons les engagements pris dans le cadre de l’association en défendant l'autonomie et le périmètre d'emplois de l'Université d'Avignon. Au delà d'Aix-Marseille-Université qui est notre partenaire de référence, nous travaillerons en synergie avec les établissements d'enseignement supérieur de la Région.
Parce que ce sont des acteurs essentiels de la professionnalisation, mais aussi un formidable terreau pour la recherche, nous rapprocherons l'Université d'Avignon des entreprises. Nous créerons un bureau des stages sur chacun de nos deux sites, soutiendrons la formation continue, développerons l'alternance, et inviterons les acteurs du monde socio-économique à venir partager avec nos étudiants leurs compétences et expériences. Nous encouragerons et soutiendrons l'entrepreneuriat étudiant. Nous travaillerons à améliorer la vie de campus, notamment sur le nouveau site d'Agroparc où les problèmes sont nombreux, à commencer par le transport.
Nous développerons les relations internationales pour permettre à nos étudiants de faire davantage de séjours à l'étranger et les faire profiter pleinement du programme Erasmus, mais aussi à nos chercheurs et laboratoires de renforcer leur rayonnement.
Nous accompagnerons les chercheurs dans leurs projets, faciliterons leurs démarches, réduirons les délais de signature, organiserons les conditions de la collaboration avec les entreprises.
Nous renforcerons les partenariats et les collaborations induits par le Contrat de site, en particulier l'INRA, avec lequel nous développerons des synergies, au bénéfice de tous.
Nous développerons enfin une politique pluri-annuelle de ressources humaines, nommerons un médiateur pour désamorcer les tensions, organiserons une communication interne de qualité, et travaillerons à répondre aux recommandations exprimées par les experts lors de la dernière évaluation de l'établissement.
Les mots que j'ai utilisés sont forts et ils peuvent surprendre les étudiants et les personnalités extérieures, en particulier, car ils sont aux antipodes de l'image projetées auprès de ceux qui n'ont pas accès au fonctionnement interne de l'université. Ils sont pourtant le reflet de l'opinion d'une large majorité du personnel.
Mesdames et messieurs les conseillers, en déposant un bulletin dans l'urne, ce n'est pas seulement un président que vous élirez, vous ferez aussi le choix entre le développement harmonieux et rééquilibré de l'université et la continuité d'une politique qui a généré tant de mécontentement, entre le respect du choix des électeurs de l'Université et le vol de leur profond désir de changement.












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Tous vos commentaires sur notre projet sont les bienvenus